Une interview mouvementée (PV House)

House était en train de regarder le dernier livre du Dr Yamakashi, médecin japonais qui portait sur les complications d'une anévrisme thrombosée. Le médecin cherchait simplement des explications sur la douleur qui était de plus en plus présente sur sa jambe. Il commença à prendre des notes sur certains traitements quand un bip signalant un nouveau mail arriva sur son i-mac. Quand il vit que l'expéditeur n'était autre que Cuddy, House ne prit même pas la peine de le lire.

Replongé dans sa lecture, il entendit qu'on frappait à la porte de son bureau. Il savait que Wilson était en voyage d'affaire. Par conséquent, ce n'était pas lui derrière la porte et si c'était quelqu'un de l'hôpital, il serait déjà rentré. Il en conclua donc que çà devait être un patient ou tout autre personne qui n'intéressait pas le médecin.

Cependant, on insista en frappa plusieurs fois. Résigné, House leva la tête.

- Dr House n'est pas là ! Il est dans le bureau de Cuddy en train de lui faire des galipettes !

-Ca tombe bien alors, j'adore faire des galipettes... Et puisque c'est lui que je dois voir...

Beth se tenait devant la porte d'entrée, mi-amusée, mi-curieuse. Elle n'avait aucun doute sur l'identité de son interlocuteur, elle s'attendait juste à moins de... sex-appeal ?

-Je suis Beth Turner, dit-elle en s'avançant vers le bureau derrière lequel l'homme se tenait. Et quelque chose me dit que vous êtes le Dr House.

Etant maintenant suffisemment proche de lui, elle pouvait le dévisager et elle sourit en constatant qu'il semblait plutôt surpris. Elle lui tendit la main pour achever de se présenter.

House regarda avec un air avide la jeune blonde qui venait d'entrer dans son bureau.

- Vous aimez faire des galipettes .... et vous savez qui je suis.... Dîtes-moi on s'est déjà rencontré dans un bar à strip-tease et vous ne m'avez pas oublié parce que je vous ai donné un bon pourboire ?..... Désolé, moi, je ne me rappelles pas vous avoir vu... j'ai sûrement trop bu ce soir-là ! Mais croyez-moi, je suis navré !

Puis House prit un air amusé toujours en dévisageant la jeune femme qui se tenait devant lui puis afficha un énorme sourire.

- C'est Wilson qui t'a payé pour venir me distraire ? Il a peur que je m'ennuie sans lui ?

House referma son livre et alla prendre son blouson en cuir, casque et sac à dos qui se trouvait près du porte-manteaux.

- OK, on y va... On va chez toi ou chez moi ?

Beth tiqua pendant une seconde, prête à faire demi-tour, puis éclata de rire.

-Vous êtes loin du compte Dr House... J'ai en effet été payée pour venir jusqu'ici mais pas pour vous montrer mes sous-vêtements. En fait c'est vous qui allez vous mettre à nu et ce bureau conviendra parfaitement, croyez-moi...

Elle tira une chaise vers elle et s'installa. Elle sortit son enregistreur qu'elle plaça sur le bureau et croisa les jambes, gardant un sourire ravageur sur les lèvres.

-En fait je suis journaliste, ou plutôt je l'étais... Et comme la plupart de mes collègues semblent avoir une bien piètre opinion de vous, c'est moi qu'on a dépêché sur les lieux... Ils devaient se douter que vous me prendriez pour une strip-teaseuse, ajouta-t-elle sur le ton de la confidence.

Beth observa le Dr House sans se décontenancer en attendant qu'il repose ses affaires.

Le Dr House semblait vouloir à tout prix mettre Beth mal à l'aise, voire à la faire renoncer à son interview... Mais il ne connaissait pas la jeune femme ! Plutôt que de partir en courant et de crier au loup, elle se contenta de griffonner quelque chose sur son calepin et mordillant son stylo, regarda House, l'air le plus sérieux du monde :

-Made in China ? Vous n'achetez pas américain Dr House... Pourtant à ce que je sais, la satisfaction qu'on en tire est... bien plus grande. Vous n'auriez pas le nom précis de la marque par hasard ? C'est le genre de détail qui intéresse le public...

Beth avait trouvé un interlocuteur à sa mesure, et il y avait très longtemps qu'elle ne s'était pas amusée pendant une interview qui, à vrai dire, n'avait pas officiellement commencé.

-Et je suis ravie d'apprendre que vous êtes célibataire, bienvenue au club, glissa-t-elle avec un peu d'amertume. Mais honnêtement ce sont vos qualités de diagnosticien qui m'intéressent. Après tout, je croyais que les devins avaient disparu avec l'empire romain...

La jeune femme espérait piquer là où ça faisait mal, cela lui procurerait peut-être de l'information plus professionnelle à se mettre sous la dent.

En écoutant les réponses de la journaliste House ne savait pas trop sur quel pied danser. Il rentra tout de même dans son jeu et continua sur sa lancée. La seule chose qu'il retenut, c'est qu'elle était aussi célibataire.

- La marque de cette poupée ? Je ne sais plus, je ne fais pas vraiment gaffe à ce genre de détail sauf si elle est inscrite dans un endroit bien spécifique... Je vais vous la décrire, peut-être que vous connaissez cette marque, vous avez dû faire un article comparatif dessus dans votre feuille de chou...

A ce moment précis, House regarda la jeune femme de la tête au pied sans vergogne.

- Les cheveux blonds, peu de poitrine, petites fesses et un petit air de "j'aime bien mettre mon nez partout" et je ne parle que du nez !!!

House fit une grimace pour appuyer sa réponse et sans attendre de réplique de la journaliste, il répondit à sa dernière question.

- En ce qui concerne les devins disparus avec l'empire romain, je dois être le dernier survivant... D'ailleurs, on devrait élever une statue à mon nom, vous ne croyez pas ? Et quand on pense qu'un patient sur deux consultent des guérisseurs et autres charlatans avant de venir à l'hôpital, autant leur faire profiter de mes deux talents, devin et médecin et moi, çà me rapporte.

House prit sa balle et commença à la faire tournoyer sur elle-même tel un ballon de basket.

House sentit que la jeune journaliste perdait patience mais il fut surpris quand elle s'approcha de lui et qu'elle prit sa balle au vol.

- Je suis meilleur que mes collègues, c'est un fait. On fait appel à moi car j'ai moins de 1 % d'échec... Vous pouvez dire la même chose ? Avez-vous moins 1 % de part de vérité dans les articles que vous écriviez ?

House avait repris son sérieux même s'il continuait de se moquer de la jeune femme. Il n'aimait pas les journalistes mais il aimait son travail, c'était devenu sa raison de vivre.

- Mais ne vous y trompez pas... Ce sont les maladies qui m'intéresse pas les malades... Et par dessus tout, j'aime les défis.

House commença à sentir la douleur de sa jambe. Il voulut prendre son flacon de vicodine et avaler quelques comprimés mais il se ravisa. Ce n'était pas le bon moment de faire çà devant une journaliste même si en quelque part, il se moquait bien qu'elle puisse écrire quelques lignes là-dessus.

En entendant le Dr House défendre son travail avec autant de verve, Beth comprit qu'ils étaient très semblables tous les deux. Pour des raisons qui la regardait, elle avait décidé de mettre un terme à sa carrière de journaliste, mais l'adrénaline, le danger, l'urgence qui s'emparaient d'elle quand elle commençait une affaire, aucun autre boulot ne pourrait jamais les lui procurer, pas même son poste au bureau du procureur.

-Accro au travail hein ? lui lança-t-elle d'un air entendu. Vous avez l'habitude des critiques sur votre métier, et de mon côté je m'attends aux réactions comme la vôtre. Je ne suis peut-être qu'une enquiquineuse pour vous, Dr House, mais je fais mon boulot et je le fais bien.

Malgré les réticences et les "détournements" de conversation, Beth était parvenue à obtenir quelques infos, elle ne voyait pas pourquoi elle s'arrêterait en si bon chemin.

-Donc vous aimez les défis... Sauf que le prix est lourd à payer pour un défi non relevé dans ce milieu non ? Et même ce moins de 1% d'échec doit être difficile à appréhender... Je me trompe Dr House ?

Elle commençait à cerner le personnage mais elle essayait de faire sortir la personne qui était en lui. Ce n'était pas possible qu'un médecin puisse-être inhumain et insensible, il devait avoir autre chose derrière ce masque... Et ce n'était pas encore le moment de sortir les dossiers qu'en professionnelle consciencieuse, Beth n'avait pas manqué de rassembler sur lui.

House écouta la jeune blonde. Visiblement, elle savait trouver les mots justes pour faire réagir le médecin. Elle prenait l'avantage dans cette discussion, ce qui déplaisait à House. Alors, il se casa mieux dans son fauteuil pour donner une allure de quelqu'un sûr de lui.

- Je vous répète... Seul le défi de trouver ce qu'ils ont, m'intéresse... Après, s'ils meurent de la maladie que j'ai trouvé, c'est leur problème pas le mien.... Je suis médecin pas le bon dieu...

House croisa les bras tout en gardant une attitude désinvolte et fixa la jeune femme assise devant lui. Il remarqua qu'elle était assez jolie, pas vraiment son genre de femmes mais elle lui plaisait.

Mais House savait qu'il devait faire attention, cette journaliste fesait preuve de professionnalisme. Elle avait le don de faire sortit les vers du nez. Alors House essaya de reprendre le contrôle de cette conversation.

- Parlons de vous maintenant.... Ne vous est-il jamais arrivé de mentir pour ne pas faire l'article qui aurait pu vous rapporter le National Magazine Award ?

House scruta le moindre détail de l'attitude de la jeune femme afin d'y déceler quelque chose.

Beth nota le changement d'attitude du Dr House. Elle avait marqué un point et savourait sa victoire.

-Ahah... Je croyais que tous les médecins avaient le complexe du créateur... Et je vous avais mis sur la liste !

Elle fit mine de prendre quelques notes sans quitter House des yeux et afficha un sourire malicieux en entendant sa question.

-Et moi qui pensait que j'étais celle qui dirigeait l'interview... Et bien oui Dr House, il m'est arrivé de mentir.

*Et plus d'une fois* songea-t-elle en repensant à ces dernières enquêtes avec Mick.

-Mais toujours pour protéger les innocents, acheva-t-elle. En somme nous avons plein de points communs tous les deux. Vous cherchez la vérité, moi aussi, vous sauvez des vies, moi aussi...

La comparaison était assez osée mais Beth sentait qu'elle déclencherait une nouvelle réaction chez House. Et puis à vrai dire, elle commençait à le trouver plutôt sympathique, ce médecin terreur des hôpitaux.

House leva un oeil suspect quand la journaliste mentionna qu'elle sauvait des vies. House avait bien failli rire. Décidément, cette femme avait beaucoup d'aplomb mais elle avait aussi une haute opinion d'elle même. Mais House admit qu'elle lui ressemblait ce qui n'était pas pour lui déplaire.

- Vous sauvez des vies en écrivant vos articles ? Donnez-moi un exemple...

House était intrigué. Il savait que tout le monde mentait mais les journalistes étaient premiers au top-mensonge et House voulait connaitre le secret de la journaliste car elle devait bien en avoir un.

- Vous protégez qui en ce moment ? Votre ancien petit ami ? Un homme politique ? Un flic véreux ?

House vit un changement dans le regard de la jeune femme. Il savait qu'il avait touché un point sensible mais lequel ?

Malgré toujours l'aplomb que la jeune journaliste laissait paraitre, House sentit un certain malaise dans la voix lorsqu'elle répondit qu'il y avait toujours un homme dans les choix d'une femme. Ainsi, le point faible de la journaliste était là. Mais House ne releva pas, il se fichait complètement de cet homme que la jeune blonde protégeait. Aujourd'hui, elle était là pour lui. D'ailleurs House se demandait qui était l'investigateur de cette interview. House pensa immédiatement à Cuddy.

- Si vous étiez malade, me feriez-vous confiance ? Moi, un homme antipathique qui n'aime pas les journalistes ? Pourquoi pensez-vous que je m'occuperai de votre cas ?

Après tout, elle était journaliste, elle s'était quand même renseigné sur les statistiques du service diagnotic de cette hôpital. Mais pour House, les statistiques, il s'en fichait. Seulement la curiosité de trouver un diagnostic était ce qui avait le plus d'intérêt.

- Après tout, Melle Turner, nous faisons le même métier vous et moi si j'ai bien compris. Nous menons notre enquête pour trouver la vérité, seriez-vous prête à faire tout ce qu'il faut pour mener à bien votre mission ?