On ne s'est pas déjà vus quelque part ? [PV Tony]

Cristina tapotait sur le comptoir. C'était le fast-food le plus proche à la fois de l'hôpital et de son appartement, ce qui était un gain de temps considérable, mais à voir la lenteur avec laquelle le service était effectué, la jeune femme se demandait s'ils avaient bien compris la signification du mot "fast".

Elle jeta un petit coup d'oeil à sa montre et interpela la serveuse la plus proche :

-Dites ! Je sais que vous donnez la priorité aux clients qui sont dans la salle mais ça fait presque 20 mn que j'attends ma commande. Il vous faut vraiment autant de temps pour faire cuire un simple steack ?

Le regard noir qui lui fut adressé lui fit comprendre qu'elle aurait meilleur temps de se taire, ce qu'elle fit, à contre-coeur.
Pendant le séjour chez sa mère, elle avait eu l'habitude de savourer des bons petits plats maison et son retour à L.A la mettait face à une autre réalité : à 30 ans, elle ne savait toujours pas cuisiner.

Elle allait à nouveau se plaindre au premier employé qui passait quand un client arrivant derrière elle la bouscula, certainement sans le vouloir, mais cela faisait déjà trop dans une même journée pour Cristina Yang. Elle se retourna, prête à le foudroyer du regard et à lui lancer une phrase bien sentie. Au lieu de ça, son visage se glaça et tout ce qu'elle trouva à dire fut :

-Vous ?

Pfff quelle mauvaise journée. Tony n'arrivait pas à se concentrer, il s'était pris deux tapes sur la tête par Gibbs en une seule matinée. Il fallait dire que leur travail était particulièrement ennuyeux ces temps-ci ! A part s'endormir devant la liste des criminels du pays qui défilait à l'ordinateur pour une comparaison faciale avec la photo d'un suspect, il n'y avait pas grand chose à faire. Et puis Tony en avait ras le bol des petits mystères de Ziva, ça commençait à l'agacer royalement. En fait, il n'admettait pas qu'elle n'aie pas confiance en lui, alors qu'elle savait absolument tout de lui. Et en plus, ce crétin de McGee n'avait plus peur de lui et lui répondait effrontément, malgré son grade ! Résultat, il ne pouvait plus en faire ce qu'il voulait. C'était décidément bien triste. Et à côté du boulot il avait quoi ? Rien. Nada ! Rhâ quelle tristesse. Heureusement qu'il y avait le bon vieux Doublement Palace pour se remonter le moral. Rien de meilleur qu'un bon vieux triple cheeseburger / frittes pour se requinquer ! En entrant dans l'enseigne, il marcha vers le comptoir. Son regard fut attiré par une superbe fille en jupe, aux jambes sublimes. Il se retourna pour lui faire son immense sourire dragueur habituel teinté d'un petit clin d'oeil, jusqu'à ce que son petit ami qui revenait des toilettes lui jeta un regard assassin. Le petit ami était une armoire à glace. Refroidi, Tony se retourna vers le comptoir, et heurta une personne qui semblait attendre d'être servie. Evidemment, quand on regarde pas où on marche, c'est fatal. Ce le fut encore plus lorsque la femme dit "vous !" d'un air à glacer le sang. Tony plissa les yeux. Oui il connaissait cette femme, et il avait un sentiment extrêmement désagréable. Seulement il n'arrivait pas à la remettre... Décidément, c'était vraiment pas son jour. Il devait avoir l'air con ! Finalement, du sang lui apparut en flash-back. Mais bien sûr, l'épaule ! La deuxième plus grosse bavure de sa carrière. Après celle d'être tombé amoureux sous couverture bien sûr. Et évidemment, vu la finesse du personnage, le jeune homme ne tenta même pas de dissimuler sa surprise.

" - Mme Yang ! Je suis désolé, je ne vous avais pas vu. "

Tony tourna la tête vers le serveur qui le saluait, il connaissait à peu près tout le monde ici, c'était sa référence question bouffe, il y venait au moins une fois par jour. En souriant au serveur, il se rendit compte que sa maladresse lui avait fait dire quelque chose qui s'appliquait aux deux situations malencontreuses...

Le bruit que firent les assiettes qui se brisèrent lorsqu'elle se recula et heurta un chariot de vaisselle sale pour s'éloigner de l'homme devait résonner longtemps dans les oreilles de Cristina.
Sur le comptoir, un sachet en papier sur lequel une note portant son nom était agraffé. Elle était servie, peut-être même un peu trop. Le silence s'était fait dans le restaurant avec le fracas et tous les clients les observaient, elle et lui. l'homme qui lui avait tiré dessus.

La jeune femme sentait que sa respiration s'accélérait, elle revoyait les flashs de la rue, du bruit autour d'elle après que le coup de feu aie été tiré des mois auparavant, la lumière des phares et la sirène du véhicule de secours. Elle aurait même pu jurer que son bras lui faisait mal. Si elle ne se calmait pas, elle allait s'évanouir...

La phrase qu'il prononça aurait du la mettre hors d'elle mais ses jambes étaient en coton et elle ne put que se rattraper au comptoir avant de faiblir à nouveau. Elle détestait savoir que tout le monde la regardait, surtout lui avec son air contrit et ses excuses stupides.
Un serveur esquissa un geste vers elle, mais un seul de ses regards noirs suffit à le faire changer d'idée. Reprenant doucement sa respiration, elle commença à épousseter sa veste et regarda l'homme droit dans les yeux.

-Est-ce que vous savez que vous êtes en train de gâcher ma vie ?

En réalité, elle se maudissait intérieurement de toujours se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Il fallait qu'elle sorte d'ici, au plus vite.